Le statut des Dominatrices, dans les relations BDSM, comporte beaucoup de différences avec celui des Dominants. Un soumis étant incapable de satisfaire sa Maîtresse, cette dernière dispose d’une certaine liberté.

Le principe de fidélité sexuelle dans les couples BDSM

La fidélité dans le couple constitue encore, aujourd’hui, une valeur fondamentale, gage d’amour et de respect réciproque. Même si le libertinage, le sadomasochisme sont des pratiques courantes dans les sociétés humaines depuis plusieurs centaines d’années, il met à rude épreuve les couples vanilles. La fidélité est souvent liée aux sentiments et à l’affection réciproque. Pour beaucoup de pratiquants BDSM, la fidélité est un fondamental ou bien seulement un paramètre temporaire. La fidélité n’est pas nécessaire dans les relations sadomasochistes, il s’agit d’un choix fait entre les pratiquants ou au sein du couple. La fidélité peut aussi être remise en question après de longues années ou bien remise en question pour se rappeler à quel point l’engagement de l’autre est important.

L’adultère ne fait plus l’objet de punition, mais il est encore cause de divorce. Nos sociétés acceptent la séparation de deux êtres qui ne s’aiment plus, en revanche tant que l’union perdure entre eux – « ils se doivent mutuellement fidélité ». Un principe que certains couples ont décidé de dépasser pour diverses raisons, souvent pour des raisons de maturité, d’ennui ou de besoin de renouveau sexuel.

Les couples libertins sont les premiers à avoir fait voler en éclat cette morale au nom de la réciprocité du plaisir, c’est bien le principe du libertinage. Les adeptes des rapports D/s se sont invités dans le bal, non pas au nom d’une réciprocité de partage, mais en raison, au contraire, de l’inégalité intrinsèque de leurs relations intimes. Notamment pour les couples Dominatrices – soumis qui ne partagent pas la même couche. C’est bien souvent l’inverse pour les couples Dominant – soumises, qui pratiquent, pour une partie d’entre eux, le libertinage mais pour d’autres raisons.

Certaines Dominatrices professionnelles peuvent même exiger de leur clients une fidélité absolue. S’il n’est pas certain qu’elles l’obtiennent réellement, il est en revanche évident que le client lui ne pourra jamais leur en demander autant. La question de la réciprocité des engagements se pose néanmoins avec plus d’acuité dans le cadre d’une relation de couple stable, sensée perdurer sur le long terme.

Il est fréquent que les partenaires d’une relation sado-masochiste (D/s) signent ensemble un contrat et il est tout aussi fréquent que la Maîtresse se considèrent réellement amoureuse de son soumis, même si elle le bat jusqu’au sang. Cependant il est absolument hors de question de postuler une relation D/s dans laquelle le soumis serait autorisé à « aller voir ailleurs ».

L’obligation de fidélité du soumis va même beaucoup plus loin dans une relation D/s que dans une relation classique. Tandis que la liberté sexuelle des Dominatrices est absolue, la constitution d’un cheptel reflétant même son rang dans la « société » SM. Nécessairement, un soumis sera donc cocufié par sa compagne ou sa Maîtresse.

La fidélité sexuelle absolue due à la Maîtresse

 Dans les couples gynarchistes, la sexualité du soumis est exclusivement consacrée à la satisfaction de sa Maîtresse. Autant dire, que selon les habitudes de la Dominatrice, ce ne sera pas forcément le soumis qui sera celui qui donne du plaisir. Toutes les relations qu’il entretien avec la gent féminine sont interdites par sa Maîtresse. Son temps passé sur Internet est évidemment strictement encadré et peut servir une autre Dominante seulement sous le contrôle de sa Maîtresse référente. Le prêt du soumis est possible, et même courant, mais il ne peut s’agir d’infidélité puisque c’est sa Maîtresse qui en aura pris la décision.

Un soumis consacre la totalité de sa vie sexuelle et de son attention à satisfaire sa Maîtresse. Poser le regard de manière inapproprié sur une autre femme, même furtivement, peut donc entraîner de très sévères punitions. Lui manquer de respect, surtout s’il s’agit d’une autre Dominante, constitue une faute impardonnable. Le soumis doit apprendre à contrôler l’ensemble de ses pulsions pour les mettre au service de son unique « objet de désirs », sa Maîtresse. Il doit ainsi apprendre à chasser de son esprit tout pensée malsaine ou obscène vis à vis des femmes, pour ne consacrer son désir qu’à un seul corps… auquel il n’a pas droit.

La liberté sexuelle des Dominatrices

Dans l’immense majorité des cas, un soumis reste chaste et n’est autorisé à éjaculer qu’en de rares occasions choisies par sa Maîtresse. Il est encore plus rare qu’il soit autorisé à la pénétrer. C’est lui qui est, au contraire, régulièrement sodomisé. Le rôle du soumis diffère donc considérablement de celui d’un homme dans le cadre d’une relation « vanille ». Il peut être amené à approcher l’intimité de sa Dominante, comme expliqué dans cet article de son blog : Accéder à l’intimité d’une Dominatrice. Cependant la possibilité de voir sa Maîtresse nue ou une petite-culotte n’est jamais acquise : le soumis doit constamment travailler et servir pour se voir accorder cette récompense.

Il va donc de soi qu’un soumis n’est pas à même de satisfaire pleinement sa compagne sur le plan sexuel. S’il en avait les capacités et le réel désir, son statut serait d’ailleurs différent. Il va donc aussi de soi qu’une Maîtresse est totalement libre d’avoir des relations sexuelles épanouissantes avec de vrais mâles, souvent dominants, puisque son soumis n’est pas un homme il se tient en disponibilité sexuelle totale et corvées d’entretien.

La Maîtresse peut vivre une liberté sexuelle totale auprès d’amantes ou amants. Elle n’a de compte à rendre sur aucune de ses relations « extra-conjugales » à son soumis. Si elle décide de ne pas rentrer à la maison, le soumis doit y poursuivre son travail, sans poser la moindre question à son retour. Et si la Maîtresse invite son ou ses amant(e)s chez elle, le soumis doit les servir comme des dominant(e)s. Le pincement de jalousie au cœur du soumis « amoureux » que provoque la liberté sexuelle de la Maîtresse est un vrai moyen de Domination, les Dominatrices en ont bien conscience. Cependant les soumis ont accepté leur place et les désagréments émotionnels que cela implique. En acceptant leur statut, il accepte d’être cocufié, c’est un fantasme inavoué qu’il aime nourrir.

Seul le contrat passé entre la Maîtresse et son soumis peut prévoir l’accord préalable du soumis pour son utilisation sexuelle par d’autres personnes. Si ce n’est pas le cas, la Maîtresse dispose de la liberté absolue d’offrir son soumis à son ou ses amant(e)s pour qu’ils en usent sexuellement à leur guise.

La liberté sexuelle de la Maîtresse s’étend donc à celle de son soumis, elle l’englobe entièrement et cela est parfaitement normale dans la mesure où un soumis, par définition est incapable de satisfaire correctement une femme. Il va de soi que cette liberté inclue aussi la possibilité de posséder autant de soumis(e)s qu’elle le souhaite. En instaurant une hiérarchie entre eux ou non, en les éduquant séparés ou en troupeau, là encore la Maîtresse doit pouvoir jouir de sa position dominante comme elle l’entend. Cependant le statut des soumises est bien différent, il fera l’objet d’un article dédié.

Un soumis peut-il être cocu ?

 Même si cela est loin de lui assurer la fidélité de son compagnon, une soumise est toujours susceptible de combler entièrement son Maître sur le plan sexuel et de l’empêcher ainsi « d’aller voir ailleurs ». Un soumis, en revanche, s’il sert sexuellement sa Maîtresse est parfaitement incapable de la satisfaire pleinement sur ce plan. Il est donc logique et surtout bénéfique pour leur relation « de couple » que celle qui domine puisse être épanouie dans tous les aspects de sa vie, et qu’elle soit notamment comblée sur le plan sexuel. Les Dominatrices ne sont pas recluses à l’abstinence sexuelle, à l’inverse de son cheptel de soumis.

Ce qui apparaît comme l’ultime trahison dans les couples « vanilles », s’apparente donc à une condition nécessaire à l’équilibre des relations dans les couples Dominatrices – soumis. Il arrive même parfois que des Maîtresses soient mariées avec des hommes qui ne partagent pas leurs inclinaisons sexuelles, mais qui les laissent libre de posséder un soumis régulier ou d’éduquer un troupeau.

La question se pose même de savoir si une Maîtresse « trompe » réellement son soumis lorsqu’elle a des relations sexuelles avec des mâles dominants ? Leurs rôles auprès de cette femme étant si éloignés l’un de l’autre, on serait tenté de répondre par la négative. Même dans le cadre d’une relation de couple stable, la liberté sexuelle de la Maîtresse ne signifie pas qu’elle soit infidèle à son « compagnon » puisque le rôle de ce dernier n’est pas de la satisfaire sexuellement, il n’en est pas capable, mais de la servir. Le cocufiage du soumis est donc nécessaire car il lui indique clairement sa place dans la relation. Être cocufié lui permet aussi de comprendre pourquoi c’est lui qui est sodomisé et non l’inverse et d’accepter définitivement la hiérarchie qui guide sa vie.

De grandes nuances existent au sein même des couples Dominatrices – soumis, il peut s’agir d’un couple ou non, de cocufiage volontaire ou non, mais une constante demeure : le soumis est incapable de satisfaire une Femme dominante et ne seront jamais égaux sur le plan de la liberté sexuelle.

 

Soumise corinne, mâle femellisé soumis, volontaire pour la rédaction de cet article.


A propos de l'Auteur

Maîtresse Dolores est l'administratrice de ce blog. Elle écrit les articles ou les co-écrit, les interviews et tout le contenu du blog en s'inspirant de la communauté BDSM. Elle s'adresse aux débutants et aux confirmés de la pratique BDSM et est toujours ravie de pouvoir échanger avec eux.

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