Aujourd’hui un article un peu exclusif : l’interview d’une soumise BDSM, Judith, qui a accepté de nous expliquer la domination psychologique dans sa relation SM en 10 questions.

1 . Comment en es-tu arrivée au SM ?

Je dirais que mon attrait pour le sado-masochisme remonte à ma première relation amoureuse à mes 17 ans. Nous étions jeune et n’avions absolument pas conscience de pratiquer le sado-masochisme. Lui, il était un fils unique, au caractère très arrêté et avait pour seule image de relation maritale celle de ses parents. Son père était très dominateur sur sa femme, lui imposer ses choix et ils étaient heureux ainsi. Je pense que c’est de là que lui vient sa manière de dominer, ou du moins, de voir les femmes. Je le ressentais dans sa manière de me parler qui était plus affirmative qu’interrogative. Il était grand, avait de grand yeux et étais sportif.

Avec le recul, je dirais que toute ces choses ont influencé indirectement ma manière de me soumettre. Ainsi, notre relation sado-masochisme s’est d’abord articulée sur une domination psychologique plus que sexuelle.  J’aimais déjà être soumise à ses désirs, vouloir me dépasser pour le rendre heureux et paraître à ses yeux comme la femme parfaite. Ce qui me renvoie à l’image de ma propre mère : une femme entièrement soumise à son mari, qui lui laissait toutes les décisions et exécuter tous ces désirs. Ma mère se renvoie elle-même à l’image de sa mère : femme soumise au foyer, typique des années 60. En clair, je n’ai pas côtoyer de femme « dominatrice » dans mon enfance et cela m’a beaucoup influencé, même si aujourd’hui je possède un caractère de leader en société, j’aime être soumise dans une relation amoureuse, c’est comme ça que je m’épanouie. Mon dominant et moi, à l’époque, découvrions le sexe ensemble et le sado-masochisme s’est installé peu à peu en parallèle de la domination psychologique. J’étais complètement amoureuse et notre séparation 3 ans plus tard m’a totalement détruite car je me suis sentie abandonnée et pour une soumise, c’est une souffrance psychologique atroce.

2. Que recherches-tu principalement chez un partenaire dominant ?

J’ai plusieurs attentes concernant un dominant, même si je m’adapte totalement à lui. Je cherche d’abord un homme qui va savoir me dominer et m’imposer ses choix sans être un « dictateur ». J’ai conscience que c’est une chose vraiment difficile, d’une part car il faut être sûr de soi et ne pas avoir peur de s’imposer à l’autre, surtout dans une société où les sexes se veulent égalitaires. Dominer nécessite aussi beaucoup de connaissances psychologiques, sans pour autant faire développer chez sa partenaire le syndrome de Stockholm. Il faut avoir conscience de l’impact de ses dires, ses faits et ses gestes. La soumise est très attentive à tout cela.

Par ailleurs, je cherche aussi un dominant entreprenant, les pieds sur terre et fort mentalement. Ces qualités sont importantes pour dominer et être perçu comme tel, notamment par sa soumise. Le calme doit le définir. Je ne vois pas un dominant pleurant à chaque chats écrasés sur la route.

Enfin, j’attends aussi de mon dominant qu’il soit compréhensif. Il peut être froid et calme, à la limite de paraître un peu psychopathe, mais quand il est question de sujets sensibles, sérieux et importants, je m’attends à ce qu’il soit compréhensif, doué d’empathie et rassurant. Mon dominant doit pouvoir m’aider à prendre du recul dans les moments difficiles et m’enrouler dans ses bras quand il le faut. Il doit pouvoir m’orienter vers les bon choix quand la vie nous submerge. En bref, un dominant est à la fois un « papa », un amant, un partenaire et un décideur.

3. Quelles sont tes limites concernant les désirs de ton partenaire ?

Dans toutes relations SM, établir un contrat, ou discuter à l’oral des attentes de l’un et de l’autre, est primordial. Car il est inconcevable de commencer des pratiques sado-masochiste, qu’elles soient psychologiques ou sexuelles, sans connaître les limites de l’autre. Il y a des choses que je ne pratique pas concernant le sexe mais des limites psychologiques à ne pas franchir. Par exemple, je me confie à mon partenaire, je n’accepterai pas qu’il utilise ce « moment de faiblesse » contre moi, cela ruinerai la confiance que j’ai en lui. Je n’accepte pas non plus qu’il m’impose ses choix sans logique ni explication, j’ai beaucoup de mal à accepter ce qui est irrationnel. Je ne suis pas un esclave qui exécute sans broncher, il doit m’expliquer. Une fois que je comprends je m’exécute sans rechigner même si cette décision ne va pas dans mon sens.

4. Qu’attends-tu de lui pour qu’il puisse t’amener à dépasser certaines de tes limites ?

Encore une fois, il s’agit de psychologie. A mon sens, pour qu’un dominant puisse m’amener à dépasser mes limites, c’est à la fois de la patience et les bons mots. S’il souhaite essayer de nouvelles pratiques sexuelles, par exemple, et que j’y suis réticente au début, il peut m’en parler à plusieurs reprises, me faire comprendre qu’il aimerait vraiment découvrir avec moi, qu’il se renseigne et me le présente de façon à me convaincre. On parle, bien entendu, de pratiques sans risque important. Un bon dominant n’imposera pas à sa soumise une pratique qui la mettrait  en danger. Le dominant doit prendre en compte  les refus catégoriques et les refus latents (pas oui pas non). Ce sont ces derniers qu’il peut négocier. La soumise peut aussi suggérer de dépasser une de ses limites quand elle se sent prête. L’amour est un acteur important dans ce processus de dépassement de soi.

5. Ta relation reste-t’elle uniquement dans la sphère privée ou est-elle aussi publique ? (lien démonstratif : collier …)

Personnellement, j’aime que ma relation de Dominant/soumise reste dans la sphère privée. Mais je ne suis pas contre quelques signes ostentatoires discrets que seuls les adeptes peuvent détecter. Par exemple, le port du collier en public, je ne suis pas contre si mon Maître le désir, seulement si le collier ressemble plus à un bijoux qu’à un collier de soumission (avec anneau). A l’inverse je ne suis pas du tout contre qu’il exerce sa domination psychologique sur moi en public, car je n’ai pas de honte à être soumise.

6. Comment réagis ton partenaire en cas de non-application des consignes ?

Si je n’applique pas une règle ou n’assouvit pas un de ses désirs involontairement, je souhaite qu’il s’assure que je n’ai pas compris et me redemande. Si je n’exécute pas volontairement, j’attends à ce qu’il soit dur, froid, mais pas forcément violent : des fessées, oui, pour que je comprenne. Une fois l’ordre exécute, j m’attends à ce qu’il me récompense. Je désire plus une punition psychologique que physique, elle est pour moi plus efficace. Mais en règle générale, je m’exécute de suite, je suis rarement punie. J’insiste bien sur le fait que mon dominant doit être arrivé à un haut niveau de domination, de respect et de sentiment amoureux pour obtenir ma totale soumission. C’est à lui que reviens la tâche de me rendre dépendante de lui. C’est, en effet, une tâche de logue haleine.

7. Comment, suite à une faute de ta part, parviens-tu à te faire pardonner ?

Pour me faire pardonner d’une erreur, je prends d’abord conscience que ça prendra plusieurs jours. Je redouble d’effort pour lui préparer ce qu’il aime, je lui soulage de certaines tâches et lui prouve mes sentiments. Je lui montre mon erreur n’était pas pour défier son autorité et le rassurer sur mon entière soumission. Il faut bien connaître son dominant pour être sûr de lui faire plaisir.

8. Les « récompenses » dans un couple BDSM, sont-elles importantes ?

Oui ! Absolument ! Surtout dans un couple BDSM où règle une domination sur l’autre. Féliciter, applaudir, remercier, offrir des cadeaux sont des formes de récompenses. La soumise a conscience que chaque fois que son Dominant s’occupe d’elle est une récompense, une expression de sa considération. Au sens moral général, les récompenses devraient être plus présentes dans n’importe quels couples car elles renforcent la confiance et la considération. On n’appellerait pas ça « récompense » dans un couple « normal » mais juste cadeaux.

9. Quelle type de « récompense » ton partenaire a-t’il pu utiliser pour te remercier ?

Ca n’a pas été souvent de cadeaux physiques mais de la considération morale, et à mes yeux, c’est bien plus important que tous les cadeaux du monde.

10. Le féminisme et les relation BDSM (où la femme demeure soumise) semblent difficilement s’articuler. Aussi que réponds-tu aux personnes qui voient ce type de relation comme un rabaissement de la femme ?

Tout d’abord, je voudrais dire que je comprend le combat féministe mais je ne le cautionne pas dans sa manière d’agir. Je comprends pourquoi ce combat existe aujourd’hui, qu’il est légitime et je suis même d’accord sur certains points. Mais je ne peux pas m’empêcher de penser que ces personnes, qui pensent que les relation BDSM ne sont qu’un rabaissement de la femme, ont tort et ne connaissent rien de ce monde.

Je pense ardemment que l’homme et la femme se complète et que chacun a des « tâches » prédéfinies par la nature et qu’en réalité ni l’un n’est soumis à l’autre. Ces relations sont juste l’expression d’un sentiment de domination ou de soumission totalement accepté. Une femme accepte d’être soumise car elle sait qu’elle s’épanouie comme ça. C’est aussi valable pour les dominatrices et les hommes soumis. Le sado-masochisme c’est d’abord une acceptation de soi et seulement après vient le bonheur. Les dominants et les soumises se complètent et sont heureux dans ce rapport hiérarchique. Ça n’empêche pas le respect des femmes, au contraire ! Un dominant respecte énormément les femmes, à l’inverse des machistes. Un dominant n’est pas machiste, il aime et respecte les femmes, et plus précisément, sa femme, sa soumise.

 

attente femme soumise masochiste

contrat bdsm

A propos de l'Auteur

Maîtresse Dolores est l'administratrice de ce blog. Elle écrit les articles ou les co-écrit, les interviews et tout le contenu du blog en s'inspirant de la communauté BDSM. Elle s'adresse aux débutants et aux confirmés de la pratique BDSM et est toujours ravie de pouvoir échanger avec eux.

Voir les Articles